Les Groupes Medvedkine de Sochaux – filmer collectif

04/03/2023 @ 14:30

du Groupe Medvedkine Sochaux, de Bruno Muel, en présence de Christian Corouge

Cycle : 2023
1970, 1974 / France / 16mm / 50’

Deux films :
Week-end à Sochaux
Avec le sang des autres

 

Une séance dans le cadre du week-end « Filmer collectif » :
samedi 4 mars à 14h30 « Les Groupes Medvedkine de Sochaux »
– samedi 4 mars à 18h « L’Usine de rien »
– dimanche 5 mars à 15h « Dans la zone »
– dimanche 5 mars à 17h30 « The Sun Quartet »
– dimanche 5 mars à 19h30 « Le fond de l’air est nuageux »
Voir tout le programme en PDF.

 

WEEK-END À SOCHAUX
Groupe Medvedkine de Sochaux
1970 / France / 16mm / 50’

« Ce qui nous préoccupait avant tout, c’était de donner une signification à la vie. Alors forcément, dans ce contexte, nous avions un petit côté « chiens fous », plus vagabonds, plus sauvages, plus spontanés, ce qui dans l’usine nous opposait un peu au bloc des anciens, très structurés et très marqués par leur expérience en Algérie, une guerre que nous n’avions pas faite. Nous n’avions pas leur conception du militantisme.
La nôtre était plus joyeuse, plus désordonnée. Pour nous, le militantisme devait être une forme d’ouverture à tout prix, de choix, de diffusion de nos idées vers l’extérieur et non pas d’imprégnation des idées des autres par nous. Nous voulions réellement changer le monde et le discours social sur les revendications ouvrières des profs de la CGT nous paraissait trop limité. Nous voulions faire entrer la littérature, le théâtre, le cinéma dans les usines comme autant de moyens d’en sortir les ouvriers. » (Christian Corouge)

 

AVEC LE SANG DES AUTRES
Bruno Muel
1974 / France / 16mm / 50’

« C’est le dernier film que nous avons tourné à Sochaux. Le titre dit bien la distance qui avait progressivement gagné nos relations. (…) Pour ce tournage, les ouvriers avaient insisté sur la durée nécessaire des plans — pour que l’on ait le temps de voir l’avancée de la chaîne et de subir la violence du bruit qui ne s’arrête jamais — et aussi l’importance de filmer les mains des travailleurs. (…) Les entretiens se déroulaient dans un climat de confiance et d’intimité, venu de ces années passées côte à côte, mais ce n’était plus « leur » film. Et c’est en définitive assez isolé que je l’ai mené à bien. Il reste à mes yeux un témoignage précieux, plus que sur le travail proprement dit, sur l’emprise et sur l’usure que cette emprise fait subir à des hommes et à des femmes » (Bruno Muel)

 

Bande annonce :

Informations pratiques :

📍 DOC! 26 rue du Docteur Potain, Paris 19e
🕖 Ouverture des portes une heure avant la première séance
🔒 Fermeture des portes à 23h
💰 Prix libre (espèce)
🦩 Bar et restauration sur place

GROUPE MEDVEDKINE DE SOCHAUX

« Les films, à la différence des récits autobiographiques qui jaillissent alors également, se veulent des œuvres collectives. Dès lors, on peut y retrouver une tension entre des exercices de porte-parole, parfois empreints de didactisme, et des déclarations singulières. Dans le même temps, la trajectoire des groupes permet de repérer l’éclipse de l’auteur quand l’heure est à l’espoir révolutionnaire, puis son retour dans Avec le sang des autres de Bruno Muel, quand l’heure est à la désillusion. Ce contraste politique jaillit encore davantage de la comparaison entre deux monologues bouleversants, le premier de Georges Maurivard défiant tranquillement les patrons en 1967, le second de Christian Corouge pleurant ses mains ruinées par Peugeot en 1974.
Ces auteurs multiples, à la fois récurrents et divers, sont pourtant à la recherche d’une forme artistique au service de la politique. À cet égard, ces films nous réservent une surprise : quand les cinéastes professionnels privilégient le documentaire, et relaient un discours démonstratif, les ouvriers recourent au pamphlet, à l’humour, à la fiction satirique.
Les courts-métrages sur la Nouvelle société comme Les trois-quarts de la vie et Week-end à Sochaux en effet témoignent d’une inventivité formelle joyeuse et transgressive au service de l’opposition frontale au patronat. Dès lors, à la différence des quelques peintres enrôlés en vain par la Gauche prolétarienne en 1972-1973, force est de constater que les ouvriers ont réussi à « inscrire la lutte des travailleurs dans l’image » et par là ont su trouver une « politique positive de l’image » dans la fiction. » (Xavier Vigna)

Débat filmé :

Un podcast des Mutins :