Warriors

23/09/2019 @ 19:30

Walter Hill

Les guerriers de la nuit, 1979, USA 92mn VOSTFr

« Le point de départ de The Warriors (Les guerriers de la nuit), c’était de reprendre un récit de Xénophon pour en faire une histoire de bandes de jeunes aujourd’hui. Ça a donné le plus irréel et le plus fou de tous mes films, au grand affolement du studio, qui aurait voulu une nouvelle Fièvre du samedi soir. C’était la panique générale lorsqu’on découvrait aux rushes mes joueurs de baseball aux visages peints, mais j’étais convaincu que les choix extrêmes étaient ceux qui convenaient le mieux à mon sujet.(…). Dans une réplique de 48 heures, Eddie Murphy déclare : « Qu’est-ce qu’on peut faire comme autre connerie, maintenant? » C’est comme cela que nous avions fait The Warriors – en nous demandant constamment quelle nouvelle connerie nous pourrions inventer. » (Revue Starfix, n°20, novembre 1984, Propos recueillis de Walter Hill par François Cognard, Christophe Gans et Félix Glass)
Les trois premiers films de Walter Hill, Le Bagarreur (Hard Times, 1975), The Driver (1978) et Les Guerriers de la nuit (The Warriors, 1979) sont poussés à l’épure et relèvent d’une dimension proprement mythologique : du comportement des personnages presque hiératiques aux trajectoires que ces derniers effectuent pendant toute la durée du film (Les Guerriers de la nuit, Sans Retour). Ces trajectoires renvoient non seulement à certains westerns (La Patrouille perdue, La Rivière rouge, La Prisonnière du désert), mais aussi aux récits bibliques (Moïse) et mythologiques (L’Odyssée, les Argonautes, L’Énéide). Walter Hill affûte le western, dans sa forme la plus archétypale et conceptuelle, de sorte à éviter ainsi toute interprétation subjective, et dégager le caractère essentiel et fonctionnel de ce parcours initiatique, par la seule question de la survie. Il n’y a pas de vie sans survie. L’initiation est accessoire car elle implique une forme d’éducation ; Walter Hill s’intéresse à l’état des choses présentes. Ses personnages n’évoluent pas psychologiquement mais leurs comportements se règlent en fonction des situations dramatiques et graduelles. Le scénario se resserre inextricablement sur eux, s’autorisant ainsi l’usage d’un tel traitement minimal que l’on pourrait baptiser : le « style aiguisé (1) ».
« As far as l’m concerned, all my movies could be westerns, so this is good stuff (…). I always say the next one is my favorite I tend not to look back. lt’s confusing. You as an audience can look at these things as films, but I remember them as social experiences ». (Walter Hill)
Takezo Ichikawa
(1) En référence aux films de sabre japonais des années 60 (Kurosawa, Okamoto et Misumi)