19/01/2020 @ 15:30
de Mel Stuart
Cycle : This is America
1973, USA, 103'
« Wattstax nous place au cœur du concert organisé à Los Angeles sept ans après les émeutes de 1965 survenues dans le quartier de Watts, suite à une altercation entre trois membres d’une famille afro-américaine et des policiers blancs. Le réalisateur Mel Stuart structure le film en agençant les images de ce spectacle gigantesque (présentant de grands artistes du label Stax comme Rufus Thomas et Isaac Hayes) et des conversations (dans les rues, cabarets, salons de coiffure…) avec plusieurs habitants de Watts. Golden Globe du meilleur documentaire en 1972, Wattstax déborde la catégorie de film-concert pour offrir un manifeste culturel dont les intensités portent jusqu’à nous. » Aïcha Rahim
Pendant l’été 72, chaque membre du label musical Stax (dont les studios sont à Memphis) participa à un concert, en faveur de la Communauté Watts de Californie du Sud, qui clôturait le septième Festival d’été des Watts. Le 20 août plus de 100 000 personnes assistèrent à ce show qui dura 7 heures et fut donné au Memorial Coliseum de Los Angeles. Le bénéfice de ce concert ainsi que des futurs concerts du Festival d’été à Watts revint à la Sickle Cell Anemia Foundation et à l’hôpital Martin Luther King.
« Au printemps 1972, Al Bell prit contact avec l’un de ses collègues, âgé de vingt-neuf ans, le pasteur Jesse Jackson (I Am Somebody, de Jackson, faisait partie d’une série d’albums réunis sous le titre général « The Country Preacher » qui avait marqué la naissance du label Respect), en vue d’organiser ce qui allait devenir Wattstax, la spectaculaire apogée du Watts Summer Festival d’août 1972.
C’était peut-être l’entreprise extérieure la plus ambitieuse de Stax : pratiquement tous les artistes sous contrat s’étaient engagés à ne ménager ni leur temps ni leur sueur pour un festival musical qui affichait sa différence sociale, destiné qu’il était à commémorer le septième anniversaire des émeutes de Watts. Grâce à une contribution financière de Schlitz, le prix des tickets fut limité à 1 dollar, et le gigantesque Los Angeles Coliseum afficha complet pour une série de concerts auxquels participèrent toutes les stars de Stax, et dont le ton spirituel fut donné par le Révérend Jackson. Furent finalement tirés de ce festival deux double-albums et un courageux long-métrage de cinéma alternant scènes de la vie dans le ghetto et extraits des concerts. Les organisateurs du festival firent en outre don de près de 100 000 dollars à des œuvres de charité aussi variées que la Fondation contre la Drépanocytose, le Martin Luther King Jr. General Hospital de Watts, et l’opération PUSH (People United to Save Humanity) de Jesse Jackson à Chicago. » (Peter Guralnick, Sweet Soul Music)
Chaque photogramme de Wattstax devient un fétiche pour conjurer un passé douloureux, traumatique, tourmenté, scandaleux. Et les images d’archives viennent s’insérer dans la ronde à l’image des spectateurs du film s’affranchissant de leur stature passive pour aller danser sur la pelouse du stade. Avec cette musique-là, nos oreilles ne suffisent plus pour écouter, il faut le corps tout entier pour s’é/mouvoir !
Informations pratiques :
PROGRAMME // ATTENTION ça va swinguer !
OUVERTURE DU RIDEAU 30mn AVANT LA SÉANCE
FILMS & CONCERTS : PRIX LIBRE
FILMS & CONCERTS : PRIX LIBRE
Cette semaine nous vous invitons à vous plonger dans l’histoire du cinéma noir américain ! Notre proposition tente de faire des ponts entre différentes époques, de montrer que les luttes passées et les films qui les ont portées sont toujours brûlants d’actualité, et qu’ils résonnent encore dans le cinéma contemporain. Cela semblait évident qu’un tel cycle devait trouver sa place à La Clef Revival.
Nous tenions à remercier le Festival des 3 Continents de Nantes qui nous a fait découvrir de nombreux films grâce à sa rétrospective « Le Livre noir du cinéma américain » et les Cahiers du Cinéma pour leur dossier de Novembre 2017 qui nous a également inspiré.