11/07/2021 @ 19:30
de Wes Craven, 1989, 109'
Cycle : SOS non merci !
CYCLE « SOS NON MERCI »
Ce film de Wes Craven participe de son obsession à sonder l’Amérique (La Colline a des yeux, La Ferme de la terreur, L’Emprise des ténèbres, Le Sous-sol de la peur…) par l’entremise d’un scénario certes abracadabrant, mais qui défend une vision allégorique critique éclatée et toujours pertinente… Et à l’image de son protagoniste maléfique, Horace Pinker, à savoir un être hybride, « édifié » telle la créature de Frankenstein (une citation visuelle confirme cette référence) par la culture télévisuelle. Le film « conte » les relations « anamorphiques » entre un psychopathe et son fils qui va tout faire pour l’arrêter, et ce malgré la chaise électrique, leur lien de sang et enfin le pouvoir « ubuesque » du tueur, capable de se déplacer via le courant électrique, de sortir de la télévision et ainsi de récidiver ses meurtres dans n’importe quel foyer américain. Le film est contemporain de Meurtres en VHS, Mort sur le grill, House III, Halloween III, The Hidden, The Borrower qui partagent cette vision critique d’une génération de cinéastes certainement hantée par la paranoïa américaine des années 50 procédant par contamination (ce que traduit l’idée du déplacement de corps en corps), à l’exemple de la chasse aux sorcières sous le maccarthysme. Le film retravaille cet imaginaire raciste basé sur la terreur de postulats souvent futuristes qu’entretenaient savamment les médias durant la guerre froide.
Une étrangeté confirme la dimension sympathique de cette série B beaucoup trop décontractée pour être seulement amusante. Il s’agit de l’insistance dramatique du fils adoptif à vouloir la mort de son « vrai » père qui rappelle l’antagonisme monstrueux du Monstre est vivant de Larry Cohen : l’image sociale en Amérique (le regard des autres) compte bien plus que la nature profonde des sentiments, qu’ils soient affectifs ou même familiaux ! D’ailleurs, notre héros « rêve » de son père et entre en relation avec lui pour tenter de prévenir ses crimes, comme un inconscient qui referait surface pour briser l’apparence lisse, propre et irréprochable de l’Amérique.
Shocker s’assume définitivement comme un spectacle grand-guignolesque et d’extrême mauvais goût qui nous révèle ce que nous voyons au quotidien à travers les chaînes hertziennes de notre foyer, même si nous brandissons « socialement » un bon goût ostentatoire (via l’éducation et les communautés sociales professionnelles) pour nous déculpabiliser de notre passivité complice. Shocker n’est autre que le pastiche d’une Amérique de tous les excès « démocratiques », à l’image de ses vrais ou faux pères qui se délectent de la mort d’autrui, de l’acte (de tuer) à sa représentation (la peine capitale).
Informations pratiques :
🕘 Ouverture des portes de La clef revival 🔑 à 19h30
Lancement de la séance à 20h00
34, rue Daubenton – Paris 5e
💰 Prix libre