Queimada

17/09/2020 @ 19:30

Décoloniser Les Arts, EN PRÉSENCE DE FRANÇOISE VERGÈS

Cycle : Carte blanche Décoloniser Les Arts
de Gillo Pontercorvo | 1969 | Italie | 132'

Décoloniser Les Arts, association créée en 2015.

DLA a choisi Queimada (1969), car en ouvrant le débat sur les révoltes d’esclaves, l’abolitionnisme européen et l’impérialisme, le film fait écho à des débats et des luttes contemporaines.

Queimada qui signifie « brulé » en portugais (en anglais Burn!) est un film de Gillo Pontecorvo (qui a réalisé La bataille d’Alger). L’action se passe en 1815 dans une île des Caraïbes, où quelques années auparavant, un agent anglais (joué par Marlon Brando) a encouragé une révolte d’esclaves dans le but d’affaiblir l’empire colonial portugais et de servir les intérêts de la production esclavagiste anglaise de sucre. Il revient dans l’île alors que les insurgés ont acquis du pouvoir et menacent le commerce du sucre. Il se lie au chef de l’insurrection, Jose Dolores (joué pat Evaristo Màrquez) et le manipule pour faire avancer les intérêts économiques et politiques de l’Angleterre. Le film peut être vu comme une critiques des rivalités impérialistes dans les Caraïbes et de l’abolitionnisme européen.

Bande annonce :

Informations pratiques :

🕘 Ouverture des portes de La clef revival 🔑 à 19h00
Lancement de la séance à 19h30
34, rue Daubenton – Paris 5e
💰 Prix libre

Quatrième collaboration du réalisateur Gillo Pontecorvo et du scénariste Franco Solinas (Un dénommé Squarcio, Kapo, La Bataille d’Alger), Queimada tire sa véritable origine d’une messe noire retravaillée par Ennio Morricone. Le film est contemporain du Sang du condor de Jorge Sanjinès (Bolivie). Marlon Brando y interprète à la fois une sorte de Iago colonialiste (Othello) et de Pygmalion d’un leader révolutionnaire, à la solde du Royaume-Uni pour destituer le gouvernement portugais d’une île des Antilles. Queimada réfléchit non seulement sur le héros révolutionnaire (Tepepa de Giulio Petroni) et son instrumentalisation (la variation du film brésilien O’Cangaceiro par Giovanni Fago), via la personnalité historique et patriotique d’un Garibaldi en Italie, mais aussi des interventions contemporaines de la CIA en Amérique centrale (El Chuncho de Damiano Damiani).
Le film fut presque entièrement tourné à Cartagena, en Colombie, et produit par Alberto Grimaldi (Casanova, 1900, Salo…). Le percutant générique du film est assuré par Iginio Lardani.
« Adeptes de la contre-persuasion clandestine, ces cinéastes engagés cherchèrent à introduire, dans un cinéma-spectacle qui avait l’adhésion et la sympathie « des plus larges masses populaires », des thèmes radicaux inspirés des théoriciens du tiers-monde et notamment des idées du philosophe anti-colonialiste Frantz Fanon (1925-1961), auteur, en particulier, des Damnés de la terre (1961). (…).
Ils cherchaient aussi à rappeler les luttes anticoloniales des peuples d’Amérique latine, du Vietnam, d’Afrique, ainsi que celles de minorités ethniques (Noirs, Indiens, Chicanos, Portoricains…) au sein même des Etats-Unis. » (Ignacio Ramonet, Propagandes silencieuses)