16/12/2019 @ 19:30
Lech Kowalski
2019
Conséquences invite Lech Kowalski à la Clef pour la projection de son dernier film, On va tout péter (2019) ; ainsi que Jean-Marc Ducourtioux, ex GM&S et protagoniste du film.
Lech Kowalski y suit les ouvriers de l’usine GM&S – équipementier automobile, sous-traitant pour PSA et Renault – à La Souterraine (Creuse) dans leur lutte pour la sauvegarde de leurs emplois. Le film emprunte son titre à l’inscription – »On va tout péter » – marquée sur une citerne d’argon liquide, autour de laquelle est accroché un système explosif. Non seulement parabole du déclin de l’emploi industriel, le film de Kowalski, en prenant leur parti, travaille avec ceux menacés d’exclusion — du monde du travail, de la sphère de la production –, et les montre moins comme l’arrière garde vingtiémiste d’un monde obsolète – soucieuse de défendre un vieux mode de vie – que comme la nouvelle garde d’un capitalisme de crise susceptible de tout faire sauter.
« Tout péter, déjà : c’est à la fois ouvrir un chemin et le refermer derrière soi, c’est la politique kamikaze, c’est le rapport de toutes les forces, jusqu’à la victoire, jusqu’à la défaite. […] Tout péter, c’est du GM&S, c’était du Rotten, c’est bien du Kowalski : tout ouvrir et tout refermer, menacer de tout perdre dans le bras de fer têtu contre le désespoir. […] On va tout péter se pose en permanence, et en acte, des questions de représentation, qui ne concernent donc pas seulement le cinéma, mais aussi la situation politique quotidienne la plus urgente: pour filmer ou pour mener ensemble une lutte, faut-il mettre l’accent sur l’héroïsme de l’action collective, mû par l’espoir de peser dans la bagarre, ou sur l’analyse du système, de la malédiction capitaliste, par essence productrice de chômage, s’alimentant du malheur des gens, dont nous ne savons comment sortir ? »
(Luc Chessel, Libération, 16 mai 2019)
(Luc Chessel, Libération, 16 mai 2019)