30/08/2020 @ 16:30
de Peter Watkins
1994 | Suède | 276'
En 1979, l’Institut Suédois du Cinéma et de la Télévision commande à Peter Watkins une adaptation du Libre penseur de Strindberg (1869). Le cinéaste britannique travaille au projet pendant plus de deux ans puis l’abandonne par manque de moyens financiers. Un synopsis d’environ 400 pages a été rédigé. Les commanditaires jugent le texte « inutilisable », « trop long ».
En 1992, Watkins reprend ce projet grâce à une production de l’Institut du Film Suédois. La préparation et la réalisation sont menées collectivement par Watkins et 24 étudiants en photographie. Le film achevé dure quelque 270 minutes. Sa facture et son contenu déplaisent. Il est refusé par les grandes chaînes de télévision scandinaves.
Contrairement aux « biopics » traditionnels, Watkins signe un film puzzle, composite, fragmenté et hétéroclite, fonctionnant par association et entrelacements, refusant la chronologie.
Cette mise en scène (ou anti-mise en scène) est significative de la volonté de Watkins de briser les codes du cinéma narratif dominant, qu’il a l’habitude d’appeler la « mono-forme ». Watkins montre le dispositif cinématographique, en refusant toute transparence de la technique, et cherche à éviter l’homogénéité diégétique, la simplification, la linéarité – artificielle au regard de ce qu’est le réel.
Cette distanciation par rapport au processus filmique et sa mise en question permanente se retrouve également dans le questionnement envers le sujet principal (mais loin d’être le sujet unique de ce film) : celui d’August Sternberg.
Tout en rendant compte de la force politique et sociale de son œuvre et de son talent d’écrivain, Watkins refuse une approche qui serait absolument hagiographique et ironise parfois sur Strindberg, le met en question et en accusation, ne cache pas ce qui peut ternir son image, briser le « mythe ».
Le cinéaste a demandé à d’authentiques exégètes de Strindberg, des critiques qui ne lui sont manifestement pas favorables, d’intervenir dans son film pour apostropher l’écrivain, le mettre face à ses contradictions : son attitude cruelle vis-à-vis de ses enfants, sur son infidélité et surtout sa misogynie manifeste et révoltante.
Avant-dernier film de Watkins (suivra le chef d’oeuvre La Commune (Paris, 1871)), Le Libre penseur est une oeuvre monumentale et complexe, mise en pratique de son combat contre la monoforme. Mêlant différents processus formels et, usant d’anachronismes répétés, ce film veut percuter le spectateur, le faire réfléchir, lui faire prendre conscience de son rapport à l’œuvre et au monde ainsi que son action sur ceux-ci.
Informations pratiques :
⌛️Compte-tenu de la longueur du film, la projection débutera à 17h et deux pauses seront proposées.
🍕 🍰 Nous vous invitons à ramener de quoi dîner ensemble lors de la seconde pause.
🕘 Ouverture des portes de La clef revival 🔑 à 16h30
Lancement de la séance à 17h
34, rue Daubenton – Paris 5e
💰 Prix libre