Le Bagarreur

« COMME TOUTE CHOSE DANS CE BAS MONDE CELA COÛTE DE L’ARGENT D’EN GAGNER »

À la Nouvelle Orléans, durant les années 30, à l’époque de la grande dépression aux États-Unis, Chaney (Charles Bronson), un boxeur occasionnel, s’associe au manager Speed (James Coburn) avant d’entamer une carrière de combats illégaux de plus en plus difficiles et juteux…

Dans Le Bagarreur, premier film de Walter Hill, Charles Bronson « met en abîme » sa carrière « clandestine » d’éternels seconds rôles américains (Daves, Aldrich, Sturges et Fuller) et sa révélation européenne tardive, mais salutaire, qui lui offrit ses premiers grands rôles (Leone, Clément, Sollima) adaptés à son envergure physique. Par ce personnage fantomatique de Chaney, « revenant » littéralement du western, on pense à un âge d’or Hollywoodien désormais révolu, mais réactivé ici grâce à lui (de L’Homme des vallées perdues de George Stevens à Un Homme est passé de John Sturges). C’est donc un nouvel âge d’or américain qui va légitimer ce comédien, celui de la série B des films d’actions (« back door movies ») intra-muros (les films de la « Blaxpoitation ») et extra-muros (productions asiatiques d’arts martiaux).

Cette Amérique des années 30 permet à Walter Hill de rendre hommage à la production de films sociaux de la Warner Bros de cette même période, mais aussi de créer des espaces de jeu où tout renvoie à l’argent. Le langage, une arme de pression. Et les êtres vivants, des valeurs marchandes, des statistiques où se disputent l’offre et la demande personnifiées ! Une relation conjugale fait écho au parieur et son poulain, à l’homme d’affaires et son garde du corps (ou son avocat dans d’autres films), ou enfin au proxénète et à sa putain. Cela pourrait être du Jean-Pierre Melville (L’Aîné des Ferchaux, Le Samouraï), voire même du Robert Aldrich (Plein la gueule, L’Empereur du Nord, Deux filles au tapis), mais c’est du Walter Hill (The Driver, Les Guerriers de la nuit, Sans Retour, Le Gang des frères James, 48 heures, Invincible).