Kino Club

03/11/2019 @ 19:30

Yves-Marie Mahé + Mick Jackson

"Malville 1977" de Yves-Marie Mahé (2014) + "Threads" de Mick Jackson (1984)

Viens passer ton dimanche au chaud à la Clef !
MALVILLE 1977 de YVES-MARIE MAHÉ (2014, 6 MIN)
En 1977, une manifestation contre l’installation d’une centrale nucléaire à Creys-Malville dégénère en affrontements violents entre manifestants et policiers.
THREADS de MICK JACKSON (1984, 110 MIN)
Ecrit par Barry Hines (Kes, The Prise of Coal, The Gamekeeper, Regards et sourires, Shooting Stars…), Threads est un faux documentaire post-apocalyptique sidérant. Après un début constitué d’une suite logique d’évènements individuels en regard d’actualités politiques, le film se modifie après l’explosion nucléaire, devenant alors un survival anarchiste et nihiliste (le gouvernement qui a mené à cette situation la fait logiquement empirer…). D’ailleurs, les dialogues du film ont été samplés par le groupe anarcho-punk Conflict (« Vous ne pouvez pas gagner une guerre nucléaire »).
« Dans un livre ou dans un film, on n’a pas forcément envie de toujours faire attention à la forme. Ça ne m’intéresse pas de savoir si l’auteur ou le réalisateur fait preuve de talent. Je préfère me concentrer, m’impliquer dans le sujet. C’est ce dont on parle qui détermine la forme et non le contraire. Quand on se concentre uniquement sur la forme, c’est souvent qu’on n’a pas grand-chose à dire. Alors elle devient primordiale au lieu d’être au service d’un contenu. » (Barry Hines dans un entretien paru dans la revue Jeune Cinéma, n° 137, septembre 1981)
Threads est un film sous influence Peter Watkins (The War Game, Punishment Park…), Nicholas Meyer (Le Jour d’après est un téléfilm américain de 1983 qui aborde le même thème) et Chris Marker (séquences de photos-montages habiles proches de La Jetée), mais la violence de son sujet (la guerre nucléaire) et le traitement de son scénario dans sa gradation alarmiste renvoient à l’esbroufe géniale et radiophonique de Orson Welles (La Guerre des mondes en 1938). Ce dernier, pour sensibiliser son public à son récit, mais aussi à la manipulation de celui-ci, n’hésita pas à déjouer les formes médiatiques qui faisaient autorité (le bulletin d’information radiophonique). Threads choisit de juxtaposer continuellement saynètes anodines courtes (presque comme dans un soap opéra avec divers protagonistes récurrents séparés par le montage parallèle) centrées sur deux familles à Sheffield et de détourner les images d’archives et d’actualité télévisuelles bien choisies jusqu’à confondre parfaitement les deux « matières » d’images. Threads est l’un des grands fleurons des productions BBC avec la plupart des films de Alan Clarke (Elephant, Scum, Made in Britain, The Firm…), Babylon de Franco Rosso ou Meantime de Mike Leigh. Le film préfigure la mouvance horrifique du faux film de « found footage » comme, tout récemment, Cloverfield de Matt Reeves ou The Bay de Barry Levinson et, dans son canevas narratif à la fois cruel et ironiquement mystique, Les Fils de l’homme de Alfonso Cuaron.
Derek Woolfenden

Informations pratiques :

Ouverture des portes à 19h30
Début de séance à 20h
120 places dans la salle – pas de réservations
34 rue Daubenton
Gratuit !


Clotilde Courau en soutien à La Clef (photographie par Naguib Michel-Sidhom)