24/09/2021 @ 19:30
de Charles Belmont et Marielle Issartel (en sa présence), 1974, 90'
Qu’est-ce que ce film ?
En 1972, des centaines de milliers d’avortements clandestins chaque année en France font des morts et des stérilités. Ils sont un fléau. Des médecins du Groupe Information Santé (GIS) découvrent la méthode Karman d’avortement par aspiration et décident de pratiquer des avortements gratuits, comme une provocation utile. Ils lancent un Manifeste dans la presse, qui sera signé dans un premier temps par 331 médecins puis par plus de 600 praticiens. C’est un point de non-retour. Afin d’informer sur cette méthode Karman, ils demandent à Charles Belmont et Marielle Issartel de tourner un petit film didactique, qui deviendra un long métrage politique féministe de 1h30.
Interdit mais vu partout !
Frappé d’une interdiction totale, même en projection privée, même à l’exportation (même son affiche est interdite), Histoires d’A devient l’objet d’une gigantesque partie de cache-cache entre la police et les militants du Mouvement pour la Liberté de l’Avortement et de la Contraception regroupés dans des comités MLAC locaux chaque jour plus nombreux. Car les réalisateurs et le distributeur ont décidé de passer outre l’interdiction et de projeter le film partout en France, ainsi qu’à l’étranger : Belgique, Italie, Espagne, Allemagne, Algérie… Il sera vu par des centaines de milliers de personnes, en deux ans à peine.
Organiser une projection et la tenir jusqu’au bout, protéger les bobines par des subterfuges, pousser le pouvoir dans ses retranchements devient un enjeu politique dans chaque ville pour les MLAC locaux. La presse rend compte jour après jour de cette aventure d’une forme inédite pour les droits des femmes.
Serge Daney écrit dans Les Cahiers du Cinéma :
« Comment restituer à ceux qui luttent –en même temps que le sens stratégique de leur lutte – l’ardeur, l’invention, le plaisir qu’il y a à lutter ? Question essentielle pour penser les rapports entre front politique et front culturel. Pour la première fois, un film rend compte au bon moment d’un phénomène important (la lutte des femmes pour la libre disposition de leur corps, pour le droit d’interrompre leur grossesse). La conjoncture crée le film, l’interdiction lui crée un public, le public doit s’organiser politiquement pour voir le film, le film crée la conjoncture. »
Ce western urbain dure un peu plus d’un an, jusqu’au vote de la loi Veil. Le film est alors autorisé assorti d’une interdiction aux moins de 18 ans. Il sort aussitôt dans quelques salles commerciales mais des bombinettes lancées par de petits groupes d’extrême-droite mettent vite fin à sa carrière commerciale classique.
Depuis lors, Histoires d’A a continué d’être projeté, par le Planning familial, les conseillères conjugales, des groupes de femmes, des groupes d’infirmières, dans des lycées, des festivals… toujours accompagné de débats.
En présence de Marielle Issartel.
Informations pratiques :
🕘 Ouverture des portes de La clef revival 🔑 à 19h30
Lancement de la séance à 20h00
34, rue Daubenton – Paris 5e
💰 Prix libre