Handsworth Songs

14/10/2019 @ 19:30

de John Akomfrah

1986 / 61mn

Conséquences invite la revue Audimat pour une projection spéciale de Handsworth Songs de John Akomfrah (1986), 61 min
Réalisé en 1986 par John Akomfrah et le Black Audio Film Collective, Handsworth Songs constitue une des interventions filmiques les plus cruciales sur le terrain ouvert par les débats en Grande-Bretagne autour de l’identité, de l’expérience et des représentations noires, dont des auteurs tels que Stuart Hall ou Paul Gilroy contribuèrent, tout au long des années 80, à poser les coordonnées. Il émerge en réaction aux émeutes survenues en septembre 1985 dans les quartiers de Handsworth/Lozells, à Birmingham – ville championne du chômage et de la misère sociale – à forte proportion habités par des groupes ethniques minoritaires (immigration indo-pakistanaise et antillaise).
Sur le terrain où s’élaborent ensemble motifs, discours et représentations Handsworth Songs intervient, franchissant même un seuil en termes de fabrication d’images. Délaissant les formes et les codes du documentaire réaliste qui déterminaient largement la pratique du film noir indépendant en Grande-Bretagne, les membres du Black Audio Film Collective formulent une analyse radicalement autre – archéologique – non seulement des émeutes, mais de ce qu’ils pointent comme une « crise de la race et de la nation ». Juxtaposant des archives officielles du passé colonial, des photos de famille, des entretiens et des images d’actualité, ils font entendre, concernant les émeutes de Handsworth, leur propre mélodie des choses, leur propre Songs.
Handsworth Songs est aussi remarquable dans la manière dont il concentre les leçons et le potentiel jamais démenti du dub, à condition qu’on comprenne celui-ci moins comme un genre musical précisément localisé que comme un rapport à la musique traduit par un ensemble de techniques sans cesse renouvelées. Cette dimension dub s’exprime à plus d’un titre, d’abord dans des techniques de montage et l’utilisation de citations visuelles, qui retravaillent les rythmes ordinaires de médiatisation des événements pour ouvrir à un temps dialectique et inquiet, fait de ralentissements et de téléscopages. Elle est aussi présente dans l’utilisation de la chanson « Jérusalem » de Mark Stewart & The Maffia qui traduit un certain syncrétisme entre dub, punk et musique industrielle à l’époque de la création du film. Elle s’incarne enfin dans la façon dont le film réagit à chaque nouvelle diffusion, dont il réactive et fait résonner chaque fois différemment une tradition du possible et de l’expérimentation.

Informations pratiques :

Ouverture des portes de La Clef Revival à 19h30
Lancement de la séance à 20h
120 places dans la salle – Pas de réservations
34, rue Daubenton
Prix libre