Essi est percipi : Deux films de Boris Gerrets

19/11/2019 @ 19:30

Boris Gerrets

En présence du réalisateur Boris Gerrets
Le 19 novembre au soir, nous vous accueillons à La clef revival pour une séance spéciale de deux films de Boris Gerrets, qui, à l’occasion de sa résidence à l’Université de Grenoble, sera présent pour discuter avec nous des films et nous présenter son travail.
➡️ People I could have been and maybe am
Pays-Bas | 2010 | 54 minutes | Téléphone portable
Trailer : https://www.youtube.com/watch?v=am67V_rncTU
« A quoi cela ressemblerait-il de rentrer dans la vie d’un complet inconnu ? »
Le film évolue entre plusieurs rencontres faites par hasard dans les rues de Londres, entièrement filmées avec la caméra d’un téléphone portable. Parmi les rencontres, il y a Sandrine, une belle jeune femme brésilienne en mission pour trouver un mari, Steve, un junkie qui se bat avec son addiction, et Precious, une poétesse d’origine jamaïquaine, qui devient la copine de Steve. Le film, qui commence comme un documentaire, développe au cours du récit sa propre dynamique où les frontières entre le fait et la fiction sont floutées. Plus il s’approche des personnes qui sont filmées, plus l’obstruction de sa caméra semble les en distancier, posant la question évidente de la relation entre les personnes filmées et le réalisateur. Et pourtant, à la fin, People… révèle un espace personnel et humain qui n’existe que parce qu’il a été filmé.
➡️ Shado’man
France, Pays-Bas | 2013 | 86 minutes | HD
Trailer : https://vimeo.com/276247279
Une logique amère réside dans le fait que ceux dont la société ne se soucie pas et refuse de voir vivent la nuit.
À la jonction de Lightfoot Boston et Wilberforce dans le centre-ville de Freetown, en Sierra Leone, les rues de la ville sont couvertes par l’obscurité. Seuls quelques lampadaires et les lumières provenant des feux des voitures et des motos qui passent, éclairent de façon sporadique ce paysage dantesque. C’est là que vie un groupe d’amis. Ils s’appellent eux-mêmes les « Streetboys Freetown » , même si certaines femmes sont parmi eux. Et tous sont confrontés à d’énormes défis physiques et psychologiques. Enfants ils ont subi la négligence et le mépris de leurs parents, et aujourd’hui leur vie est celle de l’abandon social par monde qui les entoure. Marginalisés par la société, ils sont condamnés à la mendicité.
Shado’man est un voyage cinématographique réalisé par le cinéaste avec les «Streetboys», Suley, Lama, David, Alfred, Shero et Sarah. La caméra devient un noyau autour duquel la vie se déroule, libérant un espace où s’exprime des douleurs sourdes, des rêves et des aspirations, jamais partagés. Aveugle, Lama aspire à rencontrer une compagne, désireux de tendresse dans sa vie. Son ami David, aveugle également, a du mal à trouver de l’argent pour l’éducation de ses sœurs. Shero est aux prises avec ses démons et Sarah, qui est enceinte de lui, regarde anxieusement l’avenir incertain de leur enfant. Alfred est à leurs côtés, médiateur attentif et Suley avec sa voix captivante révèle son expérience douloureuse de l’enfance au spectateur.
Le film plonge dans le monde intérieur de chaque personnage afin de révéler la dignité et l’humanité profonde de ces êtres qui survivent dans des conditions inhumaines.
Les films de Boris Gerrets sont des gros plans sur des environnements locaux, qu’il décrit comme des « explorations biotopiques ». Il plonge dans l’anonymat de l’espace urbain et met en lumière une vie marginale, souvent obscure pour le passant. Cela le conduit à des rencontres inattendues qui animent le récit de ses films. Gerrets considère la caméra comme un outil créant une dynamique sociale entre lui et ses protagonistes. Le processus de montage est pour Gerrets un moyen de dépouiller et de reconfigurer ce qui a été recueilli dans la réalité, dans un espace phénoménologique qui parle de la condition humaine. Son rôle de cinéaste et le processus de production cinématographique sont toujours en jeu, implicitement ou explicitement, alors qu’il explore intentionnellement le fossé qui sépare l’événement factuel de son sens fictionnel et poétique. L’approche cinématographique de Gerrets contient une forte composante performative et s’appuie fortement sur sa formation multidisciplinaire en arts visuels, en danse et en théâtre.

Bande annonce :

Informations pratiques :

🕘 Ouverture des portes à 19h30
Lancement de la séance à 20h
120 places dans la salle – Pas de réservations
34, rue Daubenton
💰 Prix libre