23/01/2022 @ 19:30
de Thomas Bauer, 2020, 70’
Conakry, Guinée. Le 28 septembre 2009, lors du premier tour des présidentielles, la garde prétorienne d’élite se livre à un massacre dans le Stade du 28 septembre. 2010, à la veille du second tour, dans un contexte tendu, de nombreuses exactions sont commises, notamment dans les faubourgs, à Hamdalaye. 2018, Thomas Bauer y rencontre un groupe de jeunes plaignants. Et cette petite troupe essaie d’organiser des répétitions afin de se préparer à un hypothétique procès. Juger, enquêter ? L’enjeu ici est autre : comment dire l’Histoire, ses faux semblants. Ce sera d’abord une terrasse couverte transformée en une scène dont ils sont les seuls acteurs et spectateurs. Faux huis-clos, la ville visible en contre-bas. Il faut reprendre, ajuster, trouver les mots, s’adapter à la rhétorique judiciaire en français : « il ne faut pas..», « tu dois…». Cette troupe de circonstance se prête au jeu d’inscrire du commun, comme le suggèrent ces lignes tracées au mur, à la manière d’une portée dans l’attente d’une partition. Dans ce décor de fortune, un drap blanc agité par le vent, quelques costumes en contrepoint aux uniformes militaires – casquettes, barrettes – atours pour d’autres jeux, d’autres rôles. Question de régime de représentation, et mouvement de vrille, ce procès de fiction ouvre sur un pas de deux de l’Histoire. Alors que dehors, en forme de contre champ et de réminiscence, surgissent là le stade, ici une troupe d’improbables chanteuses, le Palais du peuple déserté, et que restent en mémoire la présence d’ONG évoquées au détour des répétitions, ou ce dénommé De Gaulle sans cesse invoqué. Se devinent alors d’autres jeux et emboîtements souterrains. Où le procès de substitution qui prend corps sous nos yeux renvoie en miroir à d’autres théâtres politiques et laisse poindre d’autres nouages.
Informations pratiques :
🕘 Ouverture des portes de La clef revival 🔑 à 19h30
Lancement de la séance à 20h00
34, rue Daubenton – Paris 5e
💰 Prix libre